La présentation DeFi France de Pascal Tallarida, CEO de Jarvis, ouvre les vannes en matière d’actifs synthétiques et de tokenisation. Un jeu d’esprit à balle réelle que nous allons retranscrire.
Définition des actifs synthétiques
Traditionnellement, les actifs synthétiques basés sur les crypto-monnaies visent à donner aux utilisateurs une exposition à divers produits dérivés qui simulent un actif sous-jacent (actions, obligations, matières premières, indices, devises ou taux d’intérêt) afin de générer des rendements sans règlements physiques.
En utilisant ces actifs synthétiques uniques, les investisseurs peuvent toujours détenir des jetons qui suivent la valeur de certains actifs sans avoir à quitter l’écosystème de la crypto-monnaie. Il va sans dire que la synthétisation est dans la ligne de démarcation de la tokenisation mais quelques nuances fondamentales sont tout de même à souligner.
La nuance entre tokenisation et synthétisation
La tokenisation
L’objectif de la tokenisation est de représenter un actif sur une blockchain.
Concrètement, c’est l’inscription d’un actif et ses droits sur un token, une séquence de chiffre unique générée aléatoirement, afin d’en permettre la gestion et l’échange sur une blockchain.
Le processus de tokenisation nécessite un transfert du risque avec l’intervention d’un tiers de confiance (séquestration des actifs) pour valider les volumes/transactions. La valeur du token est intrinsèque à l’actif représenté.
La synthétisation
L’objectif de la synthétisation est de répliquer le prix d’un actif en créant une dette garantie par un autre actif. La confiance est portée sur le collatéral et le code (smart contract).
Dans l’exemple mon collatéral est 1 ETH (équivalent à 150 dollars) placé dans le smart contract comme « garantie » contre 100 DAI. La valeur du DAI est assurée par la valeur de ETH.
La valorisation d’un collatéral s’effectue en-continue grâce à un Oracle. En effet, grâce à une interface de programmation (API) le prix du collatéral sera collecté sur un exchange qui transmettra l’information à un serveur Oracle qui, à son tour intégrera la donnée au smart contract.
La limite de la synthétisation est donc la valeur totale du collatéral qui ne doit pas s’effondrer. Si le collatéral ne suit pas la valeur à partir d’un certain seuil (gap) il va y avoir ce que l’on appelle un call margin. C’est-à-dire que le contrat sera automatiquement coupé avec des processus de liquidation car la valeur n’est plus garantie.
Autre système, Synthetix (SNX) n’a pas de mécanisme de liquidation mais un mécanisme d’incitation à conserver un ratio de collatéralisation (C-Ratio) à 800 sous peine de ne pouvoir réclamer ses fees. Pour absorber les chocs des niveaux de prix, une logique de fees et rewards existe.
POUR RESUMER
La tokenisation est représentante d’un actif avec l’utilisation d’un tiers de confiance alors que la synthétisation réplique un actif avec un code.
Une différence qui n’est pas des moindres car les modèles de devises synthétiques garantis par crypto-monnaie et alimentés par des contrats intelligents peuvent avoir d’énormes implications dans l’industrie financière traditionnelle.
Avant réservés à quelques investisseurs institutionnels sélectionnés, ces modèles offrent aux détenteurs de crypto-monnaie l’effet de levier pour négocier des actifs traditionnels ainsi que leurs dérivés. Désormais, toute personne disposant d’un smartphone et ayant une compréhension intermédiaire des sous-actifs des actifs synthétiques peut accéder à ces puissants véhicules d’investissement.
Seul le temps nous dira quel type d’impact une inondation potentielle de nouveaux contrats dérivés garantis par crypto-monnaie aura sur le paysage financier traditionnel. Qui sait, Black Rock au sommet de son art pourrait faire des parties fines dans ce nouveau marché des dérivés.